Le compositeur Pascal Dusapin revisite Penthésilée de Kleist, drame écrit en 1808 qui explore le mythe grec de la reine des Amazones et du héros Achille. Cette « réécriture-variation » contemporaine nous présente cet opéra sous un jour sombre et intense. Dans le mythe canonique, Penthésilée, reine des Amazones, tombe amoureuse d’Achille sur le champ de bataille contre la loi d’airain qu’il lui interdit d’aimer un homme avant de l’avoir vaincu au combat. Elle tente de battre le héros, qui la transperce de son épée alors que leurs regards amoureux se croisent. Mais selon la version d’Heinrich von Kleist de 1808, l’intrigue est bien plus barbare : Achille feint d’avoir été battu pour se donner à Penthésilée, mais les Amazones s’aperçoivent de la supercherie. Animée par la rage, la reine dévore son amant avant de se donner la mort. Fasciné par ce récit monstrueux, le compositeur français Pascal Dusapin crée en 2015 une version de cet opéra à la Monnaie de Bruxelles, main dans la main avec la dramaturge allemande Beate Haeckl. Il nous livre ici ce drame sombre, véhément, énigmatique qui joue sur des textures orchestrales obsédantes et des techniques vocales saisissantes, pour faire surgir la violence du mythe à son paroxysme. Penthésilée a été écrite spécifiquement avec des effets de spacialisation restitués par la technique du son binaural nécessitant l’écoute par un casque.

ARTE a privilégié une restitution sonore optimum pour une écoute sur ses supports de prédilection. Cette version binaurale est toutefois accessible sur le site de la Philharmonie de Paris. Spectacle capté le 27 novembre 2020 à la Philharmonie de Paris.