Peint par Le Caravage en 1598, Marthe et Marie-Madeleine montre la conversion de Marie-Madeleine, quittant les ors de la séduction charnelle pour la vie modeste prônée par sa sœur. Dans ce boudoir, devant nous, un peigne en ivoire à la dent cassée évoque la brièveté de la beauté humaine. Mais une autre question se pose : comment ce morceau d’ivoire s’est-il retrouvé dans un intérieur romain du XVIe siècle ?

Provenant sans doute d’une défense d’éléphant acheminée par des marchands por- tugais depuis la côte Ouest de l’Afrique, cet objet porte les traces d’une histoire méconnue, celle de l’approvisionnement millénaire de l’Europe en ivoire. Mêlant les métamorphoses du climat aux variations du commerce international, il lève le voile sur des échanges ininterrom- pus, toujours mouvants, nous menant des confins du Groenland aux ports du Mozambique.

Ce peigne raconte un monde dans lequel L’Europe, contrairement aux récits cano- niques, n’est et n’a peut-être jamais été le « centre » du monde.